Histoire de la protection de la nature et de l’environnement
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De « La nature n’en peut plus ! » à l’utilisation rationnelle des ressources de la biosphère

Et c’est - on peut en être surpris aujourd’hui - un numéro spécial du bulletin d’information du ministère de l’Agriculture, publié en 1970 avec le concours du comité interministériel pour l’information, préfacé par le ministre lui-même, Jacques Duhamel (1924-1977), au nom du comité français d’organisation de l’année européenne de la nature qu’il préside, qui, sous le titre choc La nature n’en peut plus, dresse un constat sans nuance de toutes les « pressions  », qu’exerçaient partout sur la planète les activités humaines sur la nature et les externalités négatives pour l’environnement de la consommation de masse dans les pays développés. L’auteur, le journaliste Nicolas Skrotzky (1918-1998), en établissait un bilan catastrophique : explosion démographique, pollution de l’air et de l’eau, érosion et empoisonnement des sols, pollution des océans, massacre de la faune et des forêts.

Contrairement au regard qui est souvent porté aujourd’hui sur cette période, au tournant des années 1969-1970, la prise de conscience que ce constat suscite est quasi générale, mondiale, européenne et elle l’est aussi en France. Comment en est-on arrivé là  ? Quelles ont été les actions et les réponses qu’apportèrent les acteurs publics et privés, tant au plan international qu’au plan national français, durant cette période allant de 1945 aux années 1970 ?

Si, après-guerre, au niveau international, cette prise de conscience s’opère rapidement auprès de certaines élites qui s’étaient formées à ces questions dès avant-guerre, elle progressera ensuite, graduellement, essentiellement par des initiatives et l’action volontariste d’ organisations internationales et régionales en Europe telles que l’UNESCO et le Conseil de l’Europe, et de deux organisations non gouvernementales, l’Union International pour la Protection de la nature (UIPN) créée en 1948 et le World Wildlife Fund (WWF), Fonds mondial pour la vie sauvage, créé en 1961. Ce lent processus trouvera son aboutissement vingt-cinq années plus tard, dans la désormais célèbre conférence des Nations Unies sur l’Environnement Humain de Stockholm en 1972 et, consécutivement, dans la création du Programme des Nations Unies pour l’Environnement.

On prête au président américain Harry Truman (1884-1972), d’avoir donné l’impulsion de départ lorsque, donnant ses consignes à son représentant au Conseil Économique et Social des Nations Unies, le 4 septembre 1946, il lui demande d’appeler solennellement l’attention des membres du conseil sur l’importance « que présente pour le maintien de la paix, la sauvegarde des ressources naturelles du monde » et de proposer la tenue d’une conférence spéciale. Sous la désignation de Conférence Scientifique des Nations Unies pour la Conservation et l’utilisation des ressources naturelles, elle se tint en 1949 à Lake Success, aux États-Unis, en même temps qu’une autre conférence décidée et préparée lors de la création de l’UIPN à Fontainebleau, organisée par l’UNESCO sous le nom de Conférence Technique Internationale pour la Protection de la Nature.


Par Henri Jaffeux
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