Histoire de la protection de la nature et de l’environnement
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Histoire de la médiatisation de l’écologie au XXe siècle

Journée d’études du 16 mai 2014

Quatre mois après la conférence de Stockholm, en novembre 1972, un nouveau venu fait son entrée sur la scène médiatique. Son titre comme sa couverture ne peuvent passer inaperçus. La Gueule ouverte se présente en effet comme « le journal qui annonce la fin du monde  » et, pour associer l’image au mot, offre à ses lecteurs potentiels le dessin d’un profil de bébé hurlant. L’écologie politique trouve avec ce mensuel écologique sa voix médiatique. Après ce numéro un tonitruant, ou simultanément, d’autres titres vont surgir puis des chroniques spécialisées vont apparaître dans la presse généraliste.

Les acteurs de cette presse et de ses rubriques nouvelles forment un groupe disparate aux formations diverses, aux horizons politiques variés, et même aux préoccupations différentes : des protecteurs de la nature aux héritiers du gauchisme, en passant par les environnementalistes. Pourtant ces « journalistes  » vont assurer la publicisation d’un souci qui n’est pas tout à fait nouveau : celui de la préservation de la planète, qui prend dans le sillage de mai 68 une tonalité plus résolument contestataire et politique. Les préoccupations liées à la protection de l’environnement ne datent pas, en effet, du XXe siècle. Le XIXe siècle de la révolution industrielle en fournit de nombreux témoignages, depuis le désir de préserver les beautés du patrimoine naturel et de protéger des espèces sauvages à la naissance de l’écologie « comme science consciente d’elle-même  », dans les années 1890, en passant par la volonté de prévenir les pollutions et les nuisances. Ce qui change ou semble changer au XXe siècle, c’est qu’en installant l’écologie, non plus – ou non plus seulement - comme science mais désormais comme souci commun dans l’espace public qu’invente chaque jour le discours médiatique, les journalistes, professionnels ou improvisés, vont donner une audience nouvelle à cet ensemble de préoccupations anciennes, tout en les transformant et en les élargissant considérablement. Dans le même temps, ils participent, délibérément ou non, à fonder une nouvelle spécialité journalistique.

C’est à ces deux ensembles de questions – installation de l’écologie dans l’espace public, formation d’une spécialisation - que cette journée d’études se propose d’apporter des éléments de réponses en participant à une histoire en plein essor : celle qui conjoint l’histoire de la protection de la nature et de l’environnement, illustrée par les activités de l’AHPNE et la récente publication du colloque « Une protection de l’environnement à la française ?  », et l’histoire de l’écologie politique en apportant sa pierre à une histoire des médias qui, à l’exception notable des travaux de Christian Delporte et de Marc Martin, ne s’est pas beaucoup intéressée ni aux journalistes, ni de manière précise (à l’exception de Michel Dupuy) au discours ou au récit médiatique relatif à la nature, à l’environnement et à l’écologie.

Deux pionniers de cette histoire, Marc Ambroise-Rendu en charge la rubrique « environnement  » du Monde entre 1974 et 1982, et Claude-Marie Vadrot, journaliste à Politis et ancien grand reporter du JDD, joueront dans cette rencontre le rôle de témoins. Ils dialogueront avec des historiens, sociologues et politistes dont les travaux regardent d’une manière ou d’une autre la présence du souci de l’environnement dans les médias, depuis les premières demandes de constitution d’espaces naturels, les premières alarmes concernant les pollutions de l’industrie naissante au début du XIXe siècle, depuis l’émergence d’un souci esthétique et patrimonial porté par Victor Hugo jusqu’à l’essor médiatique de l’écologie dans le courant des années 1970 et 1980.
C’est le renouvellement constant de ces questions au gré des mutations culturelles et politiques qu’a connu la société française qui sera ainsi interrogé. L’hypothèse soumise ici c’est que ce sont les médias qui ont contribué à cette transformation radicale de la question en transformant, dans les dernières décennies du XXe siècle, un sujet de naturalistes, d’hygiénistes, de scientifiques ou d’amoureux de la nature en objet d’attention pour tout citoyen habitant d’une planète terre menacée, en objet politique donc au sens o๠c’est un objet commun.


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